Ce que dit la science et ce qu’en pense ACE.
La créativité fascine autant qu’elle déconcerte. On la reconnaît quand elle s’exprime, on l’encourage dans les discours, mais peut-on vraiment la mesurer ? Existe-t-il un moyen fiable d’évaluer la capacité créative d’une personne ? Et si oui, que mesure-t-on réellement ? Le sujet est aussi vaste que passionnant. Voici un tour d’horizon de ce que nous dit la recherche, et comment le projet ACE s’inscrit dans cette réflexion.
Une brève histoire de la mesure de la créativité
Dans les années 1950, le psychologue J.P. Guilford est l’un des premiers à proposer une approche scientifique de la créativité. Il définit la pensée divergente comme la capacité à produire de multiples réponses à une même question. C’est dans ce cadre que naissent les premiers « tests de créativité ».
Le plus célèbre d’entre eux est le Torrance Test of Creative Thinking (TTCT), mis au point dans les années 1960 par Ellis Paul Torrance. Ce test demande par exemple d’imaginer le plus grand nombre d’usages possibles pour un objet courant (comme une brique ou un trombone). Il évalue différentes dimensions :
- Fluidité (nombre de réponses)
- Flexibilité (diversité des catégories de réponses)
- Originalité (caractère inhabituel des réponses)
- Elaboration (détail des réponses)
Ces tests ont le mérite de poser un cadre, mais ils sont aussi critiqués : trop scolaires, trop décontextualisés, peu adaptés aux adultes et à la réalité professionnelle.
Ce que mesure (vraiment) un test de créativité
En réalité, la créativité est une compétence dynamique, contextuelle et multidimensionnelle. Elle varie selon l’état émotionnel, la culture, l’expérience, l’environnement, le moment de la journée… Mesurer la créativité, ce n’est donc pas la figer, mais plutôt capturer une tendance, une manière d’être en mouvement face à un environnement donné.
Les tests standardisés ont longtemps péché par leur manque de nuance. Ils donnent un score global, sans tenir compte des différentes facettes de la créativité : imagination, organisation mentale, audace, capacité à coopérer, etc. Or, on peut être très imaginatif mais manquer de focus. Ou être excellent en co-création sans pour autant aimer partir de rien.
Pourquoi ACE propose une approche différente
Le projet ACE (Assessing Creative Energy) part de ce constat : pour être utile, une évaluation doit être plus fine, plus humaine, et surtout plus activable. ACE ne cherche pas à donner une note de créativité, mais plutôt à dresser un profil de fonctionnement créatif, sur 8 axes interconnectés :
- Idéation
- Clarté
- Filtrage
- Souplesse
- Imagination
- Co-création
- Focus
- Audace
Chaque axe correspond à un ensemble de compétences mentales, émotionnelles ou sociales qui influencent notre manière de créer. On ne sort donc pas avec un label, mais avec une cartographie personnalisée de ses leviers et de ses axes d’entraînement.
Ce que la science dit des profils et de la pluralité créative
La psychologie de la créativité reconnaît aujourd’hui que la créativité est à la fois :
- un processus (méthodologie, enchaînement d’étapes)
- une disposition personnelle (traits de personnalité, habitudes)
- un contexte (environnement, contraintes, culture)
Des chercheurs comme Robert Sternberg, Howard Gardner ou Scott Barry Kaufman plaident pour une vision multi-intelligente et contextuelle de la créativité. Ce que fait ACE en proposant plusieurs profils (Sprinter, Instinctif, Stratège, Hybride, Challenger) correspondant à des styles de créativité bien distincts, mais tous valides.
Plutôt que de mesurer la valeur absolue d’une créativité, il s’agit de comprendre comment elle s’exprime chez soi, et dans quelles conditions elle s’épanouit.
En conclusion : mesurer pour mieux cultiver
ACE s’inscrit dans une démarche rigoureuse, nourrie par la recherche, l’expérience terrain et la psychologie appliquée. Son objectif n’est pas de mesurer une vérité figée, mais d’ouvrir un espace de lecture, d’analyse et de progression personnelle ou collective.
Mesurer sa créativité, ce n’est pas se mettre dans une case. C’est prendre un instant pour se demander : où en suis-je dans ma manière de penser, de douter, d’essayer, de relier, de m’autoriser ?
Et si ce test était, en soi, un acte de création ?